Essai n°3 : roman de fiction
Voici une nouvelle tentative. Celle-ci est plus courte que le roman de science-fiction. Le style et le contenu vous donnent-ils envie de poursuivre la lecture ? Donnez-moi vos impressions.
"Je n’ai aucun talent comme vous le constaterez avant peu. Qu’il s’agisse d’écriture ou d’amitié, d’amour ou de peinture, tout m’est fastidieux. Telle la bête de somme, peu m’importe la direction empruntée, je m’y engage aveuglément. C’est donc guidé par une volonté irrépressible que je jette ces premières phrases. Au mieux, on se désintéressera de moi, au pire on en ricanera. Dans tous les cas de figure, il ne me faudra que peu de temps avant de sombrer à nouveau dans l’anonymat le plus absolu.
Probablement, mettre des mots sur ces événements, dont je n’ai toujours pas saisis l’importance, m’aidera à mieux me comprendre. Si seulement, ma vie pouvait avoir un sens. Plus que tout, c’est la révélation que j’espère avoir au moment où je couche ces mots.
C’est en Septembre 89 que tout a commencé par un matin de semaine pas tout à fait comme les autres. A cette époque, j’hésitais encore sur ce que je voulais faire de ma vie. Aujourd’hui je vous répondrais qu’après une vie de coups durs, je sais ne plus rien attendre de cette chienne. A l’époque de mes croyances naïves – j’avais 19 ans – je restais fermement convaincu d’être promis à un brillant avenir quel qu’il soit. Je savais que je m’illustrerais d’une manière ou d’une autre. J’attendais paisiblement mon tour.
Ce matin-là, le réveil fût douloureux. Ma vie avait lentement glissé dans le désespoir d’une existence anodine sans que je m’en sois rendu compte. Ce matin-là marqua le début d’une succession de mauvais choix qu'il me fallut des années pour corriger. Trop d’herbe, trop d’alcool, trop de mensonges. Je devine seulement maintenant cette alchimie qui fît disparaître en moi le goût pour tout ce qui touche à la vie. Je n’ai jamais supporté les lendemains de cuite. L’alcool ne m’a jamais apporté ces instants de clarté légendaire. Juste un abrutissement total, prêt à tenir les pires positions dans les discussions les plus creuses, prêt à m’embarquer dans les moments les plus désolants de mon histoire personnelle.
Ce matin-là, mon premier grand amour avait été trahi définitivement, sans aucun espoir de retour en arrière qui fût possible. Des mois de sourires évocateurs, de frissons à l’échange d’un regard. Tout fût balayé par de trop nombreux verres. Je me souviens encore du bruit grinçant de la porte de la chambre. De cette chaleur animale, de ces odeurs corporelles. A mes côtés, le corps de cette femme qui respirait bruyamment. Son corps était hideux. Ses rides si profondes. La nausée me gagnait. Ce délire alcoolisé prit brutalement les traits de la réalité lorsque le drap fut subitement retiré de nos corps fatigués par cette nuit orgiaque. Une furie se dressait face à nous. Le regard fou, elle hurla : « Romain, c’est toi ? Que fous-tu dans ce lit ? Tu as couché avec ma mère. T’es complètement taré. »
La scène sembla se figer comme si nous évoluions dans un milieu aquatique. La température chuta. Je sentis mon pénis se recroqueviller, mes testicules remonter dans mon abdomen. J’étais livré à la réalité et je n’avais aucun moyen de la fuir. Je devais faire face à mes erreurs. « Non, je ne suis pas Romain. » réussis-je à l’insulter une dernière fois avant qu’elle ne parte en dévalant les escaliers. Je me tournais vers Jacqueline. Tellement de possibilités s’offraient à moi. Je choisis de saisir une de ses deux énormes mamelles à pleine main. L’espace d’un instant, j’eus envie de lui demander lequel de nos deux était le pire. Sans broncher, je préférais me tourner vers des jeux plus faciles.